Introduction

 

Cet été, Paris a battu tous les records de fréquentation touristique, avec une augmentation de fréquentation de 4.1% sur un an pour le 1er semestre, et ce uniquement par l’arrivée de visiteurs étrangers (https://www.lexpress.fr/actualite/societe/tourisme-record-absolu-pour-paris-et-l-ile-de-france_2032620.html).
Même en empruntant de sombres ruelles, essayer de se tenir à l’écart de la foule a été très compliqué cet été, et pour cela, j’aimerai analyser un peu la situation.

 

L’évolution du tourisme

 

Depuis la plus haute antiquité les êtres humains ont voyagé. Mais la définition de tourisme qu’on peut prendre est celle de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), « le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs ». (1)

Le tourisme implique obligatoirement de passer au minimum une nuit hors de son domicile, sinon c’est considéré comme une excursion.  (2)

 

Voici des exemples des premières formes de tourisme au XVIIIème siècle :

Le grand tour : une sorte de voyage découverte pour de jeunes européens de la haute société qui leur permettait d’acquérir des connaissances. Cette forme de voyage déjà connu depuis le XVI siècle va se développer au XVII et va culminer grâce à la philosophie des lumières et son développement culturel. (3)

Expédition de La Pérouse : Sous l’impulsion du roi Louis XVI qui était un passionné de sciences et commandé par Jean-François de la Pérouse, il s’agissait d’un voyage pour découvrir le lointaine océan pacifique. Ce type de voyage était inspiré par d’autres grandes expéditions réalisées auparavant comme celle de James Cook. Après quelques découvertes, l’expédition se terminera de façon mystérieuse sans accomplir ses objectifs de départ. (4)

 

« A-t-on des nouvelles de monsieur de Lapérouse ? » : on attribue cette phrase à Louis XVI, quelques moments avant d’être conduit vers l’échafaud, le 21 janvier 1793.

 

On va connaitre un développement du tourisme au XIX grâce au chemin de fer, et les initiatives de personnes comme l’homme d’affaires Thomas Cook, pionnier du secteur touristique et fondateur du groupe touristique Thomas Cook.

Mais c’est bien à partir de la deuxième guerre mondiale que la demande touristique va exploser et va être largement supérieur à l’offre, même si peu à peu elle va se diversifier et s’équilibrer avec la demande. C’est alors que l’on va développer le concept du Tourisme et commencer à sentir le besoin du l’étudier comme une activité à part entière. Un autre point important qui a eu une incidence dans le développement du tourisme est la création de lois du travail dans différents pays pour que le travailleur puisse profiter de congés payés.

C’est dans les années 1975 que va se réunir à Madrid la première assemblée de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) : agence spécialisée des Nations -Unies. Cet organisme intergouvernemental du tourisme et des voyages rassemble 144 territoires. Il assure la promotion et le développement des déplacements touristiques internationaux. (5)

À la fin des années 1980, on peut compter plus de 3,5 milliards de bénéficiaires de congés payés sur le globe. Ils sont environ 4 milliards à la fin du IIe millénaire ; il est vrai que la durée légale et réelle de leurs congés est très différente selon les pays. (6)

Après 1990, va se créer une autre association professionnelle appelée W .T.T.C. (World tavel and tourisme Council) qui est une association des professionnels créée à Bruxelles pour réfléchir sur l’avenir du tourisme dans le monde. (5)

A la fin du XX siècle, la tendance était à un tourisme peu respectueux de l’environnement ; une tendance que va changer progressivement, et depuis le début du XXI siècle, le concept de tourisme durable va commencer à se développer. Celui-ci est la dernière tendance qui s’impose et sur laquelle les différents acteurs vont travailler depuis. (7)

 

Le tourisme de masse

 

On pourrait définir schématiquement le tourisme de masse comme étant beaucoup de personnes au même endroit, durant la même période de l’année. C’est la forme de tourisme le plus populaire et la moins cher en général.
Le tourisme de masse est un mode de tourisme qui est apparu en raison de la généralisation des congés payés dans de nombreux pays industrialisés, dans les années 1960 permettant aux « masses » populaires – la part la plus conséquente de la population – de voyager et de soutenir le secteur économique du tourisme. Ce qui suppose des coûts de vacances amoindris, favorisés par des moyens de transports et d’hébergement plus accessibles. (10)

 

Le patrimoine

 

Le patrimoine désigne ce qu’une Nation entend conserver pour les générations Futures et Il inclut à la fois un rapport à l’histoire et à l’avenir, fait de continuités et de discontinuités.

Ce patrimoine à préserver ne s’adresse pas uniquement au tangible et construit par l’homme, comme par exemple le mont Saint-Michel, mais aussi aux aspects naturels comme la baie du mont Saint-Michel, mais aussi culturels, comme le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Et pour une telle protection, de nombreuses lois se sont mise en place ainsi qu’une instance internationale : L’UNESCO qui établît des critères et une liste qualifiée de « patrimoine de l’humanité ». Les trois éléments patrimoniaux que l’on vient de nommer sont protégés par la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Il existe également le Patrimoine Culturel Immatériel, un programme initié en 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Entre autres éléments inscrits, on peut trouver le repas gastronomique Français.

On doit reconnaitre aussi que le patrimoine a une valeur marchande et consommable qu’il est nécessaire de connaitre et gérer correctement.
Cela implique un souci d’appartenance public ou privé, pour gérer les gains ou les pertes occasionnées par ce patrimoine.

 

Le tourisme de masse : Incidences Générales

 

Incidences Positives

– Le tourisme de masse va générer des emplois pour la population locale
– Dans certains cas le gouvernement va améliorer les infrastructures publiques comme les transports; Par exemple, prolongement de la ligne 14 vers Orly (9) ou la carte Navigo Easy (10)  afin d’améliorer l’attirance touristique pour un grand nombre des personnes.
– Amélioration du secteur des services, magazines, hôtels, restaurants, centres de loisir, offre culturelle

 

Incidences Négatives

– Les multinationales et institutions gérées par des actionnaires riches vont venir s’installer et vont écraser les petites entreprises locales (prolifération de restauration rapide par rapport aux brasseries).
– Les emplois créés vont être souvent soumis à la précarité, cela pouvant même être juste des emplois saisonnier (job étudiants)
– Les touristes vont surexploiter les ressources naturelles d’une zone en nourriture et en eau de façon pas naturelle et insoutenable
– Le tourisme va causer un impact environnemental.
– Les activités liées au tourisme vont générer énormément de pollution (cars de touristes qui encombre la ville)
– La culture du lieu va devoir se confronter à celle d’autres points de vue, et cela peut aussi la transformer et même la faire disparaitre à long terme.

 

 

Le tourisme de masse : incidence sur le patrimoine

 

Le problème, comme on vient de le voir, est que le tourisme de masse va générer une surexploitation, qui a long terme va dégrader le patrimoine. Le tourisme peut par exemple apporter beaucoup d’argent grâce au prix d’entrée, ceci à court terme. Mais au long terme, il peut générer des coûts beaucoup plus élevés que les bénéfices générés.

Pour donner un exemple général, les touristes en visite dans un musée vont faire que ce musée va être confronté à un coup fixe très élevé pour montrer ses collections (employés, électricité, maintenance, …). Que ce patrimoine soit ou non important n’a pas une incidence dans le bénéfice généré et les possibles pertes occasionnées. Cela est encore pire lorsque dans des cas comme Notre-Dame de Paris, l’entrée est gratuite. Et maintenant, il est nécessaire de trouver l’argent pour financer sa restauration.

 

Notre-Dame

 

La cathédrale reçoit environs 13 millions de visiteurs par an venus du monde entier (soit une moyenne annuelle de plus de 30 000 personnes par jour). Les jours de grande affluence, c’est plus de 50 000 pèlerins et visiteurs qui pénètrent dans la cathédrale.

C’est l’un de monuments les plus visités au monde et pour autant son état de conservation est alarmant. Des campagnes de mécénat ont été lancées, car le cout de la maintenance du monument est énorme. Pour cela, un accord mêlant financement public et privé a été conclu entre l’État et le diocèse, par l’intermédiaire de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris.

Sa façade se trouve affectée par la contamination atmosphérique qui noircie la pierre très rapidement, grâce en partie à des nettoyages réalisés de façon maladroite dans les années 60 qui ont abimés la surface de la pierre et permettent à la pollution de s’installer dans le calcaire et pire encore, de dissoudre la pierre et la faire s’effriter.

Elle souffre aussi des problèmes structuraux, des gargouilles ayant perdues leur tête ont été remplacées par de tuyau de pvc. La flèche soufre d’infiltrations d’eau qui menace sa structure et les arcs boutant, pièce fondamentale dans la structure, sont également abimés.

Un programme de restauration qui va durer plus de 20 ans est prévu et va couter plus de cent millions d’euros. Les deux millions que consacre l’état à son entretien ne suffiront pas pour couvrir les frais d’un tel chantier. (11) (12)

 

 

 

Le Louvre

 

Le Louvre est le plus grand musée au monde. Avec ses 70.000 m2 d’espace muséographique ouvert au public et ses 35.000 ouvres exposées sur le 554.731 dans ses réserves.

Il y a une légende qui dit que pour voir les 35000 œuvres du Louvre à raison de 2 minutes par œuvre, il vous faudrait environ 147 jours pour tout visiter, à raison de 8 heures par jour. Ou si vous préférez, on peut également faire un challenge plus rapide, 96 heures non-stop, pour visiter tout ce musée à raison de 10 secondes devant chaque œuvre.

Mais les 7,1 millions de visiteur sont loin de rester autant de temps, le visiteur moyen va rester 2h dans le musée et il y a une obsession parmi les visiteurs étrangères… voir Mona Lisa. Les employés sont souvent amenés à indiquer souvent le chemin pour retrouver la Joconde. Peut-être pour admirer ce chef d’œuvre et admirer l’absence de contours grâce à la technique magistrale du sfumato ? Pas si sûr, elle est protégée par une vitre à l’épreuve des balles et les visiteurs sont obligés à la voir de loin par mesures de sécurité et si on essaye de rester devant on va se faire bousculer par des touristes enragés qui se massent devant le tableau pour se prendre en selfie.
Mais peut être que tous ces visiteurs vont apporter assez d’argent pour que le musée s’améliore ?

Le frais pour préserver autant d’œuvres, les étudier, faire de nouvelles acquisitions… ne serait pas possible seulement avec l’argent des visiteurs. Par exemple en 2016 le budget du Louvre s’élève à 199 millions d’euros. Les subventions publiques représentent 49 % du budget. Pour le 51% restant, une source de financement sont les billets vendus. Les visites ont rapporté en 2016 un total de 61 millions d’euros. Et comme cela ne suffit pas le mécénat constitue une autre source de financement.

Les entreprises et les particuliers soutiennent Le Louvre, à raison de 16 millions d’euros chaque année. Depuis 2010, le plus grand musée du monde organise l’opération « Tous Mécènes », pour élargir le champ des contributeurs habituels et montrer que chacun peut donner selon ses moyens.

Encore une fois, voici un exemple que le tourisme de masse n’arrive pas à couvrir les frais de la protection du patrimoine. Il est difficile d’estimer combien d’argent il fait dépenser au musée a cause de cette affluence massive du public (hormis les frais de dégâts qu’il peut causer occasionnellement). (13) (14) (15) (16)

 

Solutions au tourisme de masse

 

Connaissance de lieux alternatifs

 

L’Ile-de-France est riche en patrimoine culturel. Le manque de connaissance de lieux et activités alternatives provoque la sur-concentration de gens avec le besoin d’être présent uniquement sur les lieux les plus connus. Comme l’exemple de Versailles où le château de Fontainebleau est aussi riche en histoire et beaucoup moins fréquenté.

 

Etaler l’offre

 

Les touristes vont considérer comme important ce qu’on leur apprend. Il faut essayer de promouvoir d’autres activités dans ces lieux hors des saisons principales, car chaque partie de l’année peut avoir son charme si on leur apprend à l’apprécier. Il faudrait une campagne d’image de la part de l’état et des communautés pour offrir des parcours alternatifs qui montrent la beauté du patrimoine loin des grandes villes. Comme visiter le parc floral de Vincennes avec ses variétés au cours des saisons.

 

Refus des multinationales

 

Les multinationales vont essayer de gagner le plus d’argent possible avec le moins de cout. Ils vont chercher des bénéfices qui vont être distribués uniquement pour haut de la chaine hiérarchique. Les communautés et le gouvernement devraient limiter le plus possible leurs activités au bénéfice des affaires locales. Si ces dernières n’arrivent pas à couvrir l’offre, il faut alors se demander si cela vaut la peine de dénaturaliser un endroit au profit de grandes compagnies et de personnes peu consciencieuses.

 

Tourisme alternatif

 

En mettant en adéquation la création de services soutenables qui proposent une offre attirante et originale pour visiter des lieux nouveaux, des perles rares restés authentiques et pas transformées par le tourisme des masses dans des paradis artificiels. Des endroits pittoresques où profiter d’un patrimoine moins connu et pourtant aussi important. Découvrir le folklore et la culture d’un lieu en participant à des fêtes régionales avec les gens du territoire. (17)

On peu citer par exemple la fête des vendanges à Montmarte. (18)

 

 

Et bien sûr, si vous voulez échapper au tourisme de masse, venez faire une balade autour de la Seine avec moi. Par choix, mes groupes ne dépassent pas 12 personnes.

 

 

 

 

Bibliographie :

  1. Encyclopédie Larousse. [En ligne] 2017. [Citation : 27 11 2017.] http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/tourisme/97970.
  2. [En ligne] [Citation : 27 11 2017.] http://media.unwto.org/fr/content/comprende-le-tourisme-glossaire-de-base.
  3. le grand tour. Wikipedia. [En ligne] [Citation : 27 11 2017.] https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Tour.
  4. L’expedition de la Pérouse. Wikipedia . [En ligne] [Citation : 27 11 2017.] https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_de_La_P%C3%A9rouse .
  5. Parenteau, Alain. Tourisme receptive europeen. s.l. : Editions Jacques Lanore.
  6. [En ligne] https://www-universalis–edu-com.fennec.u-pem.fr/encyclopedie/tourisme/.
  7. [En ligne] https://www.wttc.org/-/media/files/reports/policy-research/esg-2017/esg-2017-background-on-sustainability-reporting.pdf.
  8. Tourisme de Masse. Wikipedia. [En ligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Tourisme_de_masse.
  9. https://www.ratp.fr/groupe-ratp/metro-ferre/prolongement-de-la-ligne-14-aeroport-dorly
  10. https://www.20minutes.fr/paris/2305715-20180711-paris-navigo-liberty-navigo-easy-vont-remplacer-ticket-metro
  11. [En ligne] https://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/LEtat-et-lEglise-au-chevet-de-NotreDame-de-Paris-pour-une-restauration-necessaire-2017-05-18-1200848163.
  12. [En ligne] http://www.notredamedeparis.fr/mecenat/.
  13. [En ligne] http://mini-site.louvre.fr/trimestriel/2017/rapport_activites_2016/?#4.
  14. [En ligne] https://www.pariszigzag.fr/histoire-insolite-paris/le-saviez-vous-temps-visiter-louvre.
  15. [En ligne] https://www.savoir-inutile.com/eotwz5.
  16. [En ligne] https://culturebox.francetvinfo.fr/arts/architecture/le-louvre-comment-le-premier-musee-du-monde-boucle-son-budget-222557.
  17.  [En ligne] https://www.la-croix.com/Journal/Tourisme-masse-quelles-solutions-2017-08-07-1100868061.
  18. https://www.fetedesvendangesdemontmartre.com/