Enfanter à l’Hôtel-Dieu de Paris au Moyen-âge

Les femmes enceintes étaient mise à part du reste des malades et elles étaient les seules à avoir un lit individuel (le reste des malades étaient plusieurs par lit dans des dortoirs). La salle des accouchements était toute proche de la Seine car elle se trouvait au sous-sol. A l’époque, on trouvait convenable que les femmes enceintes soient gardées dans un lieu clos et secret. La chambre au sous-sol était « propre » car les murs étaient repeint à la chaud une fois par an.

L’Hôtel-Dieu de Paris profitait de la présence d’une sage-femme qu’on appelait à l’époque  » ventriere des acouchies ». Elle aidait les femmes avec des onguents pour faire glisser le bébé plus facilement. Une fois l’enfant sorti, elle coupe le cordon ombilical en laissant 4 doigts de longueur et le nouait. Après, l’enfant était lavé pour lui ôter le sang et ensuite elle le frottait avec du sel et du miel. Pour terminer, le bébé était enveloppé dans un linge.

source:
https://gallica.bnf.fr/…/…/f118.image.r=hotel%20dieu%20paris

Premier anniversaire de l’incendie de Notre-Dame

Étrange anniversaire de la catastrophe arrivée il y a exactement un an. Le bourdon Emmanuel a été joué de façon manuelle, car l’électricité est coupée par raison de sécurité. La piste du court-circuit lié aux cloches électrifiées dans la charpente qui avaient sonnées peu avant le déclenchement de la première alarme n’est pas écartée comme étant l’une des possibles causes à l’origine de l’incendie. Les techniciens portent une combinaison pour la protection du plomb, mais qui s’accorde très bien avec le contexte actuel. On souhaite l’arrivée de temps meilleurs.

La place de grève

Voici la place de grève, actuellement place de l’hôtel de ville, quand la potence était dressée de façon permanente et avec la maison aux piliers, ancêtre de l’actuel Hôtel de Ville encore debout. Comme perle rare, on voit aussi la flèche de Notre Dame qui était en place dès le début de sa construction jusqu’à être démontée peu avant la Révolution française, car elle était trop abimée ; elle était plus petite que la flèche de Violet le Duc récemment disparue.

Une image de Paris et des bords de Seine au temps de François Villon ; vous retrouverez son poème « la balade des pendus » en légende de l’image.

Un musée en bord de Seine pour découvrir la batellerie.

Château du prieuré – Musée de la Batellerie et des Voies Navigables

 

Le Musée de la batellerie et des voies navigables est un lieu de rendez-vous incontournable pour tous les passionnés de la navigation par voie fluviale. Il est situé dans la ville de Conflans-Sainte-Honorine, qui est considérée comme la capitale française de la batellerie depuis 160 ans.
La ville de Conflans-Sainte-Honorine doit son nom à deux mots : « Conflans » qui vient de « confluant », lié au fait qu’elle est située au confluant de la Seine et de l’Oise, et « Sainte-Honorine », une sainte ayant vécue à l’époque gallo-romaine, et dont les reliques s’y trouvent toujours. Elle fût martyrisée au temps de la persécution des chrétiens et son corps jeté à la Seine va d’abord être enterré à Graville (Normandie) pour être déplacé et mis à l’abri à Conflans à l’époque des invasions normandes.

 

Église de Saint-Maclou (classée monument historique)

 

Le petit village fluvial va se développer au fil des siècles grâce à sa situation. Un prieuré va se construire à partir de 1080 autour des reliques de la sainte, ce qui amènera des pèlerins. Un droit de péage dit « de traverse » va amener des revenus, ainsi qu’une foire qui vont marquer un échange florissant entre les gens de l’eau et les gens de la terre.
À cette époque, la navigation vers Paris était compliquée du fait de la configuration naturelle du fleuve.

 

Au milieu du XIXe, un système révolutionnaire va augmenter l’importance de la ville : le touage. Une chaine était immergée dans le lit de la Seine et reliait Paris à Rouen. Elle permettait à un bateau toueur, qui se tractait grâce à cette chaine, de tirer un convoi de péniches.

 

Maquette d’un bateau toueur

 

Ceci améliorera énormément les conditions et l’efficacité de la navigation et des transports de marchandises faisant de la ville un important carrefour fluvial. Les mariniers en transit faisaient vivre le commerce local. Peu à peu, d’autres institutions en relation avec la batellerie vont s’implanter, par exemple l’école des mariniers, une bourse des échanges, etc. C’est à cette époque que Conflans-Sainte-Honorine devient la capitale de la batellerie.

 

Halte patrimoine – le Jacques, le plus ancien remorqueur français encore à flots, 1904, est visitable les dimanches

 

Beaucoup de mariniers, très attachés à leur métier et habitués à cette ville, vont s’y installer à leur retraite, ce qui leur permettait aussi de rester en contact avec leur famille ou leurs amis qui naviguaient encore.

 

Bateaux amarrés à la halte de plaisance de Conflans

 

Pour pouvoir raconter l’histoire de ce métier, le musée va ouvrir ses portes grâce à l’initiative de Louise Weiss et de la ville, avec l’aide du ministère de la Culture. Sa création en 1966 sera confiée à François Beaudouin, qui va lui donner une vocation nationale. C’est ainsi que va naitre ce musée qui s’intéresse à l’histoire de la batellerie sur les voies navigables que sont les fleuves, rivières, canaux et les grands lacs de France. Il devient le premier musée conçu à ce sujet à caractère national, exclusivité qu’il a conservée jusqu’à nos jours.

 

Grand salon du musée de la Batellerie

 

Entièrement rénové en 2015, il comprend des installations modernes adaptées à tous publics (bilingue, accès handicapé), implanté dans un lieu historique, dans un magnifique château du XIXe entouré par son domaine.

 

Parc du prieuré

 

Ses collections vont être constituées de plusieurs façons. D’un côté, le ministère va déposer un certain nombre d’œuvres majeures en relation avec la batellerie qui étaient dans des musées spécialisés. Par ailleurs, le musée comptait en son sein du personnel scientifique, qui va créer des liens avec les compagnies de navigation encore en activité. Ceci permettra, lors de la première crise pétrolière de 1974, de récupérer des archives et des œuvres, telles des maquettes, auprès de ces entreprises qui vont les donner à leur disparition. Enfin, grâce à la participation de M. Beaudouin, qui va participer à de nombreuses enchères à Paris et qui n’hésitera pas à aller également chez les antiquaires spécialisés ou même aux puces pour enrichir les collections.

 

Casques utilisés pour les renflouements et les travaux fluviaux – celui de droite très endommagé, montre la dureté du métier

 

Le musée reçoit encore de nos jours des dons de la part de mariniers passionnés qui ne veulent pas voir disparaitre leur patrimoine, comme des parties de leurs bateaux.
Les collections regroupent des œuvres et des objets du XVIIe à nos jours. Elles ont l’avantage d’être très variées pour plaire autant à ceux qui cherchent des objets techniques, comme des maquettes, comme ceux qui cherchent des œuvres d’art comme des peintures, sculptures, faïences, etc.
Le musée compte aussi une importante réserve pour ceux qui souhaitent faire des recherches approfondies. Il organise aussi des expositions temporaires et comporte un centre d’archives et de documentation (livres, cartes postales, photographies, etc.) qui est consultable sur rendez-vous.

 

Ce musée peut nous aider à comprendre l’importance de la batellerie et du commerce fluvial largement développé au XIXe grâce à l’exceptionnel réseau hydrographique français ; au début du XXe, on pouvait quasiment faire le tour de la France en empruntant des voies navigables naturelles ou aménagées. En prenant une carte de France, on peut remarquer que toutes les grandes villes, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Lille, etc. sont implantées à côté d’un confluant ou au moins le long d’un fleuve ou d’une rivière.

 

Maquette représentant la batellerie de l’Adour.

 

Il faut penser que du moyen-âge jusqu’au développement du chemin de fer, c’était l’unique façon de ravitailler une ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Des marchandises telles que les graines, le vin, mais aussi du matériel de construction ou encore du bois de chauffage puis le charbon par la suite pouvaient arriver aux centres de nos villes grâce aux voies navigables.
Un système de canaux et l’invention des écluses vont permettre de naviguer d’un bassin fluvial à l’autre. Cela a permis par exemple que depuis le XVIIe on ait pu transporter des marchandises depuis Nantes jusqu’à Paris sans interruption.

 

Ce tableau nous illustre un train de bois, moyen de transporter du bois par flottage

 

La navigation se faisait en général depuis l’amont. Par rapport à la Seine, on recevait les trains de bois qui amenaient le bois de chauffage. Seuls les produits de luxe comme le sucre, les épices ou encore les porcelaines de Chine pouvaient remonter le fleuve depuis le Havre pour justifier l’énorme coût de transport. Par exemple, le passage de certains ponts demandait la force de plusieurs hommes et chevaux pour remonter le courant.

 

Solidarité, les haleurs – Louis Hertig (1880 – 1958)

 

Tous ces échanges ont transformé nos villes et nos paysages. Le meilleur exemple est le barrage mobile qui permet à nos fleuves et rivières d’avoir un flux stable. La Seine qui de façon naturelle était soumise, avant le XIXe, à des périodes d’eaux basses : en été on pouvait même la traverser à gué. Ces transformations ont permis de transporter de plus en plus de marchandises dans des bateaux de plus en plus gros et pendant toute l’année.

 

Maquette de l’écluse de Janville (Oise)

 

De nos jours, il existe un second souffle de la batellerie. Les portes-containers, qui peuvent contenir une grande variété de marchandise, représentent une importante partie de leur activité, car pour cela, la navigation est un moyen de transport compétitif par rapport aux autres. Il y a aussi l’évacuation des déchets et des déblais, dans un souci écologique et qui apporte une solution à la congestion des voies terrestres.

 

Maquette d’un porte-container fluvial

 

Enfin, le musée à un avantage : il est situé sur un éperon surplombant la Seine, ce qui permet de voir, comme dans un écran, passer les bateaux qui de nos jours permettent de perpétuer le métier de batelier.

 

Vue depuis l’éperon rocheux

 

 

Merci à M. Roblin, conservateur du musée pour m’avoir reçu et à toute son équipe.
Toutes les photos illustrant cet article ont été prise au sein du musée et dans la ville de Conflans-Sainte-Honorine.

Sennelier, magasin de beaux-arts en bord de Seine

 

Le magasin Sennelier a vu le jour au quai Voltaire. Il est l’un des rares à être parvenu jusqu’à nous  depuis le XIXe tout en gardant son essence. Point de rendez-vous des artistes depuis plus de 100 ans, il est toujours la boutique des étudiants de l’école des beaux-arts, mais aussi des Parisiens et des étrangers venus de partout dans le monde pour découvrir cet endroit merveilleux, monde de couleurs et de produits pour la création artistique. Nous vous présentons ici un entretien avec M. Sennelier, arrière-petit-fils du fondateur du magasin.

 

 

M. Sennelier nous dévoile l’histoire du magasin

 

Pouvez-vous nous raconter l’histoire de Sennelier ?

 

L’histoire du magasin Sennelier débute en 1887 quand mon grand-père Gustave Sennelier reprend le bail de ce magasin qui vendait déjà du matériel pour artistes. Il était tenu par un artiste qui peignait et vendait du matériel de peinture. Comme il faisait de mauvaises affaires, il se vu obligé à céder ce magasin.

 

Premier magasin de Sennelier au quai Voltaire, en face de la Seine.

 

Mon grand-père, dès son installation, va très vite avoir l’envie de fabriquer ses propres couleurs.
Il était un homme fasciné par la couleur, et avait fait une formation de chimiste qui l’avait amené à travailler depuis l’âge de 16 ans. Il avait suivi des cours au CNAM, ce qui lui permettra de réaliser son rêve de pouvoir fabriquer ses propres couleurs… Il va chercher des pigments et va se mettre à fabriquer dans le magasin, devant les clients, de la peinture à l’huile. Avec l’aide des artistes, il va mettre au point une gamme de couleurs qui va devenir célèbre, car Cézanne va lui-même donner des conseils. Avec les idées des peintres connus et moins connus, en 2 ans, il va créer une gamme de 100 nuances de peinture à l’huile.

 

Panneau fait à la main qui nous montre les différentes nuances de couleurs. Il est noirci par le temps et par un ancien incendie.

 

Les gens vont l’encourager à fabriquer d’autres gammes, et progressivement, il va fabriquer des aquarelles, des temperas, des pastels, etc.

En 1915, son fils ainé va commencer à travailler dans le magasin et va fabriquer des albums et des blocs pour le dessin. L’aventure va se poursuivre avec un autre fils de Sennelier (mon père) qui va rentrer dans le magasin en 1929. C’est cette année que décède le fondateur, Gustave Sennelier ; ce seront les deux fils qui vont reprendre la fabrication. Mon père était un ingénieur chimiste qui va améliorer les gammes.

 

 

Il y a des artistes connus qui sont venus dans ce magasin comme le frère de Van-Gogh, Gauguin, Bonnard ou encore Odilon Redon. Cela va faire de ce magasin un lieu d’effervescence artistique qui va devenir un lieu de rencontre pour de nombreux artistes dans ce quartier de Paris.

Ce sont les années de guerre qui vont être les plus compliquées, car mon père va être arrêté et la fabrication s’arrête ainsi pendant 5 ans. À la fin de la guerre, l’activité va redémarrer avec une gamme reformulée de pastels qui devient une gamme très connue, car d’une qualité reconnue.

On fabrique alors les couleurs pour le magasin Sennelier, mais aussi pour d’autres points de vente même si l’activité principale reste la vente dans le magasin.

 

 

Les affaires se portent bien, et en 1936, le quartier Montparnasse est devenu aussi un lieu très fréquenté des peintres ; un nouveau magasin Sennelier va pouvoir se développer rue de la grande Chaumière dans le 6ème arrondissement.

Dans les années 60, c’est l’arrivée de la troisième génération avec moi et mon cousin, et maintenant, c’est la 4e génération avec ma fille Sophie Sennelier.

 

 

Mon père va créer en 1948 une gamme de pastel à l’huile qui va avoir une certaine renommée. Il va la mettre au point pour Pablo Picasso qui habitait rue des Grands Augustins et voulait une gamme pour travailler sur n’importe quel support… Elle va devenir une des références mondiales de pastel gras.

Le magasin n’a pas changé depuis le XIXe siècle, voilà pourquoi il a une certaine aura internationale. L’unique chose qui a changé c’est que l’on a mis l’électricité à la place du gaz, mais le décor est authentique du XIXe siècle.

 

 

Être au service d’artistes a dû vous donner de passionnantes anecdotes à raconter ?

 

Ici, on était des artisans au service des artistes. Mon grand-père a reçu les conseils d’artistes, et pris soin de leur donner satisfaction. Par exemple, il se souvenait très bien du peintre Kandinsky qui était extrêmement exigent avec les toiles et à chaque fois qu’on lui livrait une toile, il passait sa main dessus pour voir s’il n’y avait pas de défaut, d’aspérités… il les regardait avec le plus grand soin.

 

 

On se souvient aussi de Nicolas de Staël qui, quand il a commencé à travailler de la matière épaisse, a demandé à mon père de lui fabriquer de la peinture dans de gros tubes. Après la Seconde Guerre mondiale, dans les années 46 et 47 où il y avait encore des restrictions en France, mon père cherchait désespérément de gros tubes. Il allait alors chez un fabriquant de lait en tube, et prenait de tubes vides pour les remplir avec de la peinture pour Nicolas de Staël.

 

 

Autre exemple, Sonia Delaunay voulait de la gouache en gros pots, alors on allait chercher des pots de confiture vides parce qu’elle travaillait sur de grandes surfaces et elle utilisait la gouache dans des quantités très importantes, inhabituelles parce que les gens d’habitude, l’utilisent dans de petites quantités en petits tubes.

Donc voilà, nos anecdotes peuvent se résumer au fait que l’on a dû fabriquer des produits en relation à la demande du client. On a dû aussi fabriquer des couleurs spécialement pour certains artistes qui voulaient par exemple un rouge très intense. Nous sommes toujours à leur écoute en 2018.

 

 

Quels sont les rapports existants entre Sennelier et la Seine ?

 

Le magasin était ici parce qu’il était proche de l’école de beaux-arts qui avait une entrée sur les quais, donc les étudiants pouvaient y accéder très facilement. La seine est aussi un axe très important dans la vie parisienne, et on avait la chance d’être en face du Musée du Louvre. On était également les seuls sur le quai, mais il y avait d’autres boutiques – environ 6 ou 7 – tout autour du quartier au XIXe, mais qui ne sont pas arrivées jusqu’à nos jours. Beaucoup d’artistes sont très contents de venir ici dans ce cadre incomparable et encore mieux avec l’ouverture du musée d’Orsay.

 

 

 

Il est possible qu’au début du XIXe siècle, vu que l’on fabriquait sur place, et que la Seine était un axe important de communication et de transport de produits, on s’en soit servis pour l’acheminement de marchandises. Par exemple des pigments venaient de la bourgogne, comme les ocres… mais je n’ai pas d’élément précis ou fiable en la matière. On pense que certainement, au XIXe siècle, c’était encore une voie de cheminement des marchandises.

 

 

 

Que voyez-vous pour l’avenir de Sennelier ?

 

Maintenir la tradition tout en étant ouvert aux produits de la modernité : tel est le mot d’ordre de l’enseigne. Nous sommes très attachés à conserver un certain nombre de produits anciens de qualité, car il ne faut pas oublier que lorsqu’une œuvre est finie, il faut pouvoir aussi la réparer. Et nous n’avons pas le recul nécessaire sur la façon dont vont vieillir certains matériaux plus modernes. Nous sommes ouverts à de nouveaux produits s’ils vont apporter un plus pour l’artiste ; que ce soit une palette de tons, un nouveau moyen d’expression ou un nouveau matériau.

 

Un des murs du magasin est devenu un espace d’expression artistique

 

Le logo de Sennelier et la Seine

 

Le logo actuel fait référence a une vieille histoire du XVIIIe siècle : celle du charmant marquis de Bacqueville, le premier homme qui avait survolé la Seine.
On le voit représenté avec son système farfelu qui lui permettait de planer.

 

 

 

Le marquis a effectué ce vol alors qu’il était sexagénaire. Il était connu pour ses excentricités, comme par exemple, se promener avec une robe de bure parsemée de diamants précieux. Son vol, même s’il n’a pas atteint les Tuileries comme il le souhaitait, restera pour le vol humain, une source d’idées très avancées pour son époque. Une foule considérable s’était rassemblée sur les quais pour regarder la scène et elle n’en croira pas ses yeux. Même si bientôt, en battant de ses ailes, ses mouvements deviennent incertains et il finira par tomber sur un bateau-lavoir. On le ramènera chez lui, la cuisse cassée, sous les applaudissements du public.

 

 

Merci beaucoup à M. Sennelier et à toute l’équipe pour m’avoir reçu pour cet entretien.

Le Musée des Arts Forains

Ce magnifique théâtre des rêves au sud de Paris dans ses 8.000 m2 nous propose à tout un chacun d’oublier son quotidien et de s’immerger dans un monde merveilleux de couleurs intenses, musiques joyeuses et lumières fascinantes au style de la belle époque… c’est la magie des fêtes foraines comme jadis on les avaient connues !

https://www.youtube.com/watch?v=SEq-EYSCzeM

 

Tout d’abord, il faut bien préciser qu’il s’agit bien d’un musée. Même si le lieu a quelque chose d’un parc d’attractions pour les familles et surtout pour les enfants, il faut bien comprendre que l’expérience de ce fascinant endroit nous amène bien au-delà. Cet endroit est une vraie machine à remonter le temps. Tous les objets exposés sont des antiquités du XIXe siècle jusqu’à la première moitié de XXe, appartenant à des univers tels que les fêtes foraines, les cabarets et le spectacle, restaurés par les soins de l’équipe du musée pour leur rendre leur éclat original.

 

Ce n’est pas souvent que l’on peut aller dans un musée et toucher les œuvres exposées, et le meilleur, c’est que l’on peut même monter dessus !

 

 

Car oui, à cet endroit, tout le monde peut faire un tour de manège et monter sur un cheval fabriqué au XIXe siècle pour se sentir comme Mary Poppins. Ce sont des œuvres d’art qui nous permettent en plus de nous amuser. Le musée organise pendant toute l’année des visites guidées sur réservation et met également ses salles en location pour des évènements qui recherchent un cadre original.

Tout ce musée existe grâce à l’idée d’un homme passionné qui veut nous faire partager son amour pour la beauté de l’ancienne façon de s’amuser avant la révolution digitale.
Jean-Paul Favand, antiquaire, collectionneur, comédien, metteur en scène, a accumulé pendant 40 ans de sa vie cette magnifique collection de milliers d’objets. Il est devenu son propre mécène et va ouvrir dans l’année 1996 cet extraordinaire musée, unique en son genre en Europe. En plus de nous partager sa passion, il gère l’endroit que reçoit plus de 250.000 personnes par an.

 

« Le rire n’est pas pris aux sérieux  » Jean-Paul Favand

 

Le musée reproduit dans des ambiances différentes l’univers des fêtes foraines entre 1850 et 1950 pour nous rappeler une source d’amusement qui a un peu disparu de nos jours. La fête foraine était un élément qui est né peu à peu, et qui va d’abord se développer avec des spectacles présentés dans des foires aux bêtes pratiquées depuis le moyen Âge, pour devenir un phénomène à part entière. À la Belle Époque, le concept était très développé dans de grandes foires, par exemple la Foire du Trône.

 

La Foire du Trône à la Belle Époque

 

Les foires, en plus d’amuser, étaient un pôle de vulgarisation scientifique et technologique de l’époque où on a mis en place l’électricité au service du grand public pour la première fois. Pour une fois, les avancées étaient entièrement là pour rendre les gens heureux.

Le Musée des Arts Forains nous propose 5 salles avec chacune son ambiance particulière :

 

• Le Musée des Arts Forains :

Il contient de jeux comme entre autres la course de garçons de café, mais aussi le manège de chevaux classique et la star du musée : le manège aux vélocipèdes. Celui-ci date de 1897 (il est vieux de 120 ans) pourtant il est en pleine santé. Acheté par le propriétaire à un forain, complètement démonté, il lui manquait le rail qui lie les 25 vélos. Il a fallu beaucoup de recherches et de restauration pour qu’il puisse être remis en service. Conçu à une époque où le vélo venait d’être inventé et où le peuple n’avait pas l’argent pour se l’acheter, les forains vont inventer ce manège qui le met ainsi à sa portée. Il est actionné grâce à la force des gens qui vont pédaler et peut atteindre 60 km par heure ! Si de nous jours la sensation de vitesse est impressionnante, essayez de vous imaginer à la fin du 19e siècle quand les moyens de transport n’étaient pas si développés et où les gens avaient rarement eu l’expérience du transport mécanique. On peut également voir ce manège dans le film de Woody Allen « Midnight in Paris ».

 

 

Manège vélocipède

 

• Le Théâtre du Merveilleux :

Ici, on va trouver le jeu de course de chevaux actionné grâce aux participants qui lancent des boules. Ce jeu de Derby est inspiré des courses de chevaux pratiquée depuis le moyen âge, cette particulière course de chevaux dans la ville italienne de Sienne où les différents quartiers de la ville participent et où le cheval gagnant est celui qui arrive à la fin de la course avec la décoration de la tête intacte (pour les autres participants, tout est permis pour la faire tomber à coup de cravache) et le deuxième arrivant sera le perdant qui devra payer un repas pour tous les quartiers participants.

 

Jeux de courses de chevaux

On trouve également des instruments de musique automatiques et l’endroit se transforme dans une salle de ball géante décorée avec les statues en cire de Victor Hugo ou encore Jules Verne, déterrés du musée Grévin, car considérées comme démodées. Et le tout est décoré avec des plumes et autres objets appartenant auparavant aux folies bergères !

 

Victor Hugo et des instruments automatiques

 

• Les Salons Vénitiens :

Décoré avec un vrai pont qui nous évoque Venise, il comprend un manège de parade des gondoles qui nous promène tout en douceur pour nous faire tombe amoureux de la dolce vita. Plusieurs jeux sont présents comme la course de gondoles et le billard vénitien que ne pouvait pas manquer. Rien de plus approprié pour inspirer le climat de l’art du spectacle évoqué par cette ville (où le commerce en déficit va faire à la fin du XVIe siècle imposer un carnaval qui dure 6 mois). Cela nous donne une très élégante et recherchée salle de fêtes qui nous raconte une histoire et le tout est couronné par une sale annexe inspiré d’un théâtre où l’on peut regarder un opéra mis en scène par divers automates !

 

Manège Gondole

 

• Le Magic Mirror

Salle circulaire des années 20 en acajou avec de magnifiques miroirs biseautés et vitres colorées où peut prendre lieu les plus beaux spectacles, comme lors de cette dernière édition du festival du merveilleux, où l’on jouait d’un orgue de verre. C’est un instrument qui produit des sons très délicats, mais qui fut controversé et même interdit au XIX siècle dans certains endroits, car il pouvait provoquer des hurlements chez les animaux et la folie aux musiciens qui le joue à cause du plomb contenu dans le verre.

 

Spectacle de claquettes lors du festival du merveilleux 2017

 

• Le Théâtre de Verdure

C’est la cour des pavillons, traversée par une ancienne voie ferrée utilisée pour le transport de vins destinés à Paris. Un univers féerique comme sorti de la tête de Lewis Carroll, avec des arbres décorés de sculptures magiques dans un espace vert planté de fleurs et de choux (idée de la fille du fondateur).

 

Éclairage nocturne au Théâtre de Verdure

 

Moins remarqués par les visiteurs éblouis par autant de beauté, ce sont les bâtiments où se trouve le musée. En effet, les collections sont exposées dans des bâtiments représentants de l’architecture industrielle du XIXe siècle, car l’endroit était d’anciens entrepôts des halles aux vins conçues par l’architecte Louis-Ernest Lheureux (1827-1898), élève de Baltard.
Tout l’endroit est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 1986.

Pavillon de Bercy

 

Historiquement, le lieu était dès le XVIIIe siècle des entrepôts de Bercy qui servaient alors à entreposer le vin qui arrivait à la capitale par la Seine hors de la barrière de l’octroi. Le bureau où l’on récupérait les taxes par voie fluviale se trouvait au quai de la râpé. Jusqu’au développement des transports par voie ferrée et plus tard routier, la Seine était la porte d’entrée de Paris des vins de Bourgogne et de la Loire qui arrivent en amont de la ville. Le vin a la particularité d’être produit à une époque déterminée de l’année et être vendue tout le long à des quantités qui ne vont faire qu’augmenter !

 

Les Halles aux vins

 

C’est pourquoi les pavillons de Bercy furent pendant longtemps l’endroit idéal où entreposer le vin hors de la barrière fiscale de la Seine. Bercy deviendra peu à peu le plus grand port au vin du monde et autour de ses entrepôts de vin, existaient aussi beaucoup de guinguettes et l’on y fabriquait même du vin et d’autres boissons alcoolisées !

On arrive finalement à comprendre pourquoi : c’est grâce à la Seine que ce merveilleux endroit se trouve à cet emplacement exact… la boucle est bouclée.

 

Inondation de la Seine aux pavillons de Bercy en 1910