De nos jours, cet incroyable artiste est devenu un inconnu du grand publique ; il est pour autant le dessinateur à avoir le mieux représenté le Paris de son époque, le Paris du milieu du XIX siècle ; avant les travaux de restauration du Baron Hausman.
Charles Meryon est né à Paris en 1821. Il était le fils d’un médecin anglais, le Docteur Charles-Lewis Meryon et d’une danseuse espagnole, Mlle Pierre-Narcisse Chaspoux du corps de ballet de l’opéra. Il va être abandonné par son père et va passer la plupart de son enfance dans des pensions. Lors d’un séjour à Marseille, il va développer un gout pour la Marine et finira par être admis à l’école navale de Brest. Quand il aura 16 ans, sa mère meurt à cause de troubles mentaux. Il commence à voyager dans le monde grâce à son métier de marin, ce qui l’amènera à visiter des pays lointains comme la Nouvelle-Zélande. C’est pendant ces voyages qu’il va développer son gout pour le dessin.
Définitivement installé à Paris, l’artiste a alors 26 ans. Il va démissionner de la marine pour essayer de devenir artiste. Il se rend compte qu’il est atteint de daltonisme, ce qui l’empêche de devenir peintre et il va se tourner vers le dessin et les gravures a l’eau forte, un art qu’il va pratiquer jusqu’à la fin de ses jours.
Il va développer sa technique d’eau forte auprès de son maitre Eugene Blery. Ses gravures se révèlent d’un réalisme et d’une captation sensible de la réalité, avec des trais intelligents et raffinés. Meyron trouve immédiatement son métier.
Il va être inspire par des travaux d’autres aquafortistes, comme par exemple celle du dit Zeeman, essentiellement d’une vue du Louvre qu’il va copier et qui lui fera finalement entreprendre une suite des vues de Paris.
A partir de 1850, il entreprend le projet de réaliser une série d’eaux fortes sur Paris, qui fondera à jamais sa gloire. Il avait réussi à installer une presse dans son appartement grâce à une autorisation ministérielle, car a l’époque on se méfiait des imprimeries clandestines.
Ces premières 22 eaux fortes ont été moyennement acceptés par le public et était vendues à un prix bas, par exemple la planche à l’unité se vendait pour moins de 2 francs.
Mais quelques bohèmes comme Charles Baudelaire vont commencer à s’intéresser à son art. Il avait été tellement impressionné par le travail de Meryon qu’avait envoyé une de ses eaux fortes à Victor Hugo. Il va répondre au poète dans une lettre « Puisque vous connaissez M. Meryon, dites-lui que ses splendides eaux fortes m’ont ébloui sans la couleur, rien qu’avec l’ombre et la lumière …ce qu’il a fait est superbe ; ses planches vivent, rayonnent et pensent ».
De nature mental instable il était décrit par son docteur comme « un homme de tempérament assez bilieux et nerveux, il évitait les plaisirs et les camarades, aimant la solitude et le travail. Nature maladive et triste, il était sobre, mangeait peu, buvait encore moins paraissant toujours inquiet et en proie à une suggestion quelconque ».
Il avait un concept idéalisé de l’art dans ses formes le plus parfaites, c’est pour ça qu’il n’aimait pas les éloges. Il n’aimait pas non plus parler de l’eau, pourtant souvent représente dans ses gravures. Il disait que le voisinage de l’eau avait quelque chose de sinistre et de dangereux et quand on lui parlait de l’eau, sa figure prenait un air triste et lugubre.
Déjà perturbé, Meryon sombre dans la folie, et fini par être interné de plus en plus fréquemment à l’asile de Charenton, sans pourtant s’arrêter de graver. Il sera interné jusqu’à sa mort. Le 15 février 1868, accompagné par un petit groupe d’amis fidèles, il fût conduit à sa dernière demeure, qui était très modeste ; il avait 46 ans.
Son œuvre avait développé un style très particulier. Ses paysages, d’un réalisme et d’une richesse de détails remarquables, sont mélangés, grâce l’imagination de l’artiste et sa touche par la folie, à des détails inquiétants… des vols d’oiseaux sinistres et des monstres que semblent être nés des plus horribles cauchemars, comme autant d’autres symboles qui défient la raison.
Ses fantaisies n’étaient pas en accord au gout de l’époque et ils vont être souvent éliminés et écartés de son œuvre.
Les différentes états du pont au change – 1854 (cliquez sur l’image pour agrandir)
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Source : Gallica