Ce magnifique théâtre des rêves au sud de Paris dans ses 8.000 m2 nous propose à tout un chacun d’oublier son quotidien et de s’immerger dans un monde merveilleux de couleurs intenses, musiques joyeuses et lumières fascinantes au style de la belle époque… c’est la magie des fêtes foraines comme jadis on les avaient connues !
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Tout d’abord, il faut bien préciser qu’il s’agit bien d’un musée. Même si le lieu a quelque chose d’un parc d’attractions pour les familles et surtout pour les enfants, il faut bien comprendre que l’expérience de ce fascinant endroit nous amène bien au-delà. Cet endroit est une vraie machine à remonter le temps. Tous les objets exposés sont des antiquités du XIXe siècle jusqu’à la première moitié de XXe, appartenant à des univers tels que les fêtes foraines, les cabarets et le spectacle, restaurés par les soins de l’équipe du musée pour leur rendre leur éclat original.
Ce n’est pas souvent que l’on peut aller dans un musée et toucher les œuvres exposées, et le meilleur, c’est que l’on peut même monter dessus !
Car oui, à cet endroit, tout le monde peut faire un tour de manège et monter sur un cheval fabriqué au XIXe siècle pour se sentir comme Mary Poppins. Ce sont des œuvres d’art qui nous permettent en plus de nous amuser. Le musée organise pendant toute l’année des visites guidées sur réservation et met également ses salles en location pour des évènements qui recherchent un cadre original.
Tout ce musée existe grâce à l’idée d’un homme passionné qui veut nous faire partager son amour pour la beauté de l’ancienne façon de s’amuser avant la révolution digitale.
Jean-Paul Favand, antiquaire, collectionneur, comédien, metteur en scène, a accumulé pendant 40 ans de sa vie cette magnifique collection de milliers d’objets. Il est devenu son propre mécène et va ouvrir dans l’année 1996 cet extraordinaire musée, unique en son genre en Europe. En plus de nous partager sa passion, il gère l’endroit que reçoit plus de 250.000 personnes par an.
Le musée reproduit dans des ambiances différentes l’univers des fêtes foraines entre 1850 et 1950 pour nous rappeler une source d’amusement qui a un peu disparu de nos jours. La fête foraine était un élément qui est né peu à peu, et qui va d’abord se développer avec des spectacles présentés dans des foires aux bêtes pratiquées depuis le moyen Âge, pour devenir un phénomène à part entière. À la Belle Époque, le concept était très développé dans de grandes foires, par exemple la Foire du Trône.
Les foires, en plus d’amuser, étaient un pôle de vulgarisation scientifique et technologique de l’époque où on a mis en place l’électricité au service du grand public pour la première fois. Pour une fois, les avancées étaient entièrement là pour rendre les gens heureux.
Le Musée des Arts Forains nous propose 5 salles avec chacune son ambiance particulière :
• Le Musée des Arts Forains :
Il contient de jeux comme entre autres la course de garçons de café, mais aussi le manège de chevaux classique et la star du musée : le manège aux vélocipèdes. Celui-ci date de 1897 (il est vieux de 120 ans) pourtant il est en pleine santé. Acheté par le propriétaire à un forain, complètement démonté, il lui manquait le rail qui lie les 25 vélos. Il a fallu beaucoup de recherches et de restauration pour qu’il puisse être remis en service. Conçu à une époque où le vélo venait d’être inventé et où le peuple n’avait pas l’argent pour se l’acheter, les forains vont inventer ce manège qui le met ainsi à sa portée. Il est actionné grâce à la force des gens qui vont pédaler et peut atteindre 60 km par heure ! Si de nous jours la sensation de vitesse est impressionnante, essayez de vous imaginer à la fin du 19e siècle quand les moyens de transport n’étaient pas si développés et où les gens avaient rarement eu l’expérience du transport mécanique. On peut également voir ce manège dans le film de Woody Allen « Midnight in Paris ».
• Le Théâtre du Merveilleux :
Ici, on va trouver le jeu de course de chevaux actionné grâce aux participants qui lancent des boules. Ce jeu de Derby est inspiré des courses de chevaux pratiquée depuis le moyen âge, cette particulière course de chevaux dans la ville italienne de Sienne où les différents quartiers de la ville participent et où le cheval gagnant est celui qui arrive à la fin de la course avec la décoration de la tête intacte (pour les autres participants, tout est permis pour la faire tomber à coup de cravache) et le deuxième arrivant sera le perdant qui devra payer un repas pour tous les quartiers participants.
On trouve également des instruments de musique automatiques et l’endroit se transforme dans une salle de ball géante décorée avec les statues en cire de Victor Hugo ou encore Jules Verne, déterrés du musée Grévin, car considérées comme démodées. Et le tout est décoré avec des plumes et autres objets appartenant auparavant aux folies bergères !
• Les Salons Vénitiens :
Décoré avec un vrai pont qui nous évoque Venise, il comprend un manège de parade des gondoles qui nous promène tout en douceur pour nous faire tombe amoureux de la dolce vita. Plusieurs jeux sont présents comme la course de gondoles et le billard vénitien que ne pouvait pas manquer. Rien de plus approprié pour inspirer le climat de l’art du spectacle évoqué par cette ville (où le commerce en déficit va faire à la fin du XVIe siècle imposer un carnaval qui dure 6 mois). Cela nous donne une très élégante et recherchée salle de fêtes qui nous raconte une histoire et le tout est couronné par une sale annexe inspiré d’un théâtre où l’on peut regarder un opéra mis en scène par divers automates !
• Le Magic Mirror
Salle circulaire des années 20 en acajou avec de magnifiques miroirs biseautés et vitres colorées où peut prendre lieu les plus beaux spectacles, comme lors de cette dernière édition du festival du merveilleux, où l’on jouait d’un orgue de verre. C’est un instrument qui produit des sons très délicats, mais qui fut controversé et même interdit au XIX siècle dans certains endroits, car il pouvait provoquer des hurlements chez les animaux et la folie aux musiciens qui le joue à cause du plomb contenu dans le verre.
• Le Théâtre de Verdure
C’est la cour des pavillons, traversée par une ancienne voie ferrée utilisée pour le transport de vins destinés à Paris. Un univers féerique comme sorti de la tête de Lewis Carroll, avec des arbres décorés de sculptures magiques dans un espace vert planté de fleurs et de choux (idée de la fille du fondateur).
Moins remarqués par les visiteurs éblouis par autant de beauté, ce sont les bâtiments où se trouve le musée. En effet, les collections sont exposées dans des bâtiments représentants de l’architecture industrielle du XIXe siècle, car l’endroit était d’anciens entrepôts des halles aux vins conçues par l’architecte Louis-Ernest Lheureux (1827-1898), élève de Baltard.
Tout l’endroit est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 1986.
Historiquement, le lieu était dès le XVIIIe siècle des entrepôts de Bercy qui servaient alors à entreposer le vin qui arrivait à la capitale par la Seine hors de la barrière de l’octroi. Le bureau où l’on récupérait les taxes par voie fluviale se trouvait au quai de la râpé. Jusqu’au développement des transports par voie ferrée et plus tard routier, la Seine était la porte d’entrée de Paris des vins de Bourgogne et de la Loire qui arrivent en amont de la ville. Le vin a la particularité d’être produit à une époque déterminée de l’année et être vendue tout le long à des quantités qui ne vont faire qu’augmenter !
C’est pourquoi les pavillons de Bercy furent pendant longtemps l’endroit idéal où entreposer le vin hors de la barrière fiscale de la Seine. Bercy deviendra peu à peu le plus grand port au vin du monde et autour de ses entrepôts de vin, existaient aussi beaucoup de guinguettes et l’on y fabriquait même du vin et d’autres boissons alcoolisées !
On arrive finalement à comprendre pourquoi : c’est grâce à la Seine que ce merveilleux endroit se trouve à cet emplacement exact… la boucle est bouclée.